Code Cool

Le jeune Hunter est un Initiateur : il traque toutes les attitudes « cool », c’est-à-dire celles des Innovateurs, et en fait part à sa patronne Mandy qui s’occupe alors de leur éventuelle commercialisation auprès de grandes marques. Un job et une vie agréables que Jennifer, jolie Innovatrice, vient perturber. Les deux adolescents partent bientôt à la recherche de Mandy, apparemment kidnappée, et découvrent un complot visant à saper la mécanique bien huilée pour laquelle travaille Hunter.

Toute écriture de fiction qui traite des jeunes et du « look », du « cool » est a priori à surveiller sur la pente de l’écueil, surtout avec un titre pareil. La lecture nous donne ici tort, Scott Westerfeld tire très bien son épingle du jeu avec un narrateur, Hunter, en marge de l’adolescent-type et extrêmement lucide sur l’univers dans lequel il évolue (« La pub se déroulait dans le monde imaginaire standard du client. », p. 20 ; « Les annonceurs divisent l’humanité en catégories marketing, des tribus Adulescents, Bobos ou Métrosexuels. », p. 215)). Partant de ce point de vue, tout peut devenir parodie. Il ne s’agit pas de critique virulente du monde de la mode et des marques, mais plutôt d’un jeu moqueur de l’auteur sur le dos de son héros si sérieux quand il parle de la bonne attitude cool. C’est fin et réjouissant. L’histoire ne s’arrête pas à cet aspect, puisqu’on trouve aussi une psychologie des personnages plus blessés par l’adolescence qu’ils n’y paraissent, beaucoup d’humour avec entre autres un hilarant père épidémiologiste, et une histoire d’amour difficile entre Jen et Hunter. L’écriture est dynamique, sans cesse sur la corde de l’ironie et du décalage. Les rebondissements, s’ils sont nombreux, sont chacun suffisamment exploités pour ne pas lasser, cependant que les ficelles faciles du roman jeune ne sont pas usées jusqu’à la corde (absence de blagues lourdes, de comique de répétition…). Un bon début donc, pour les éditions du Panama qui se lancent cet automne dans la fiction pour les plus grands.