La Femme Panthère et autres contes du Bénin

La préface de celui qui a rassemblé ces contes – Israël Mensah, président-fondateur de l’association Mémoires d’Afrique – donne le ton : en Afrique, les contes sont traditionnellement racontés aux veillées, ils sont la principale mémoire du peuple et constituent un pont entre les générations. C’est donc avec beaucoup de sérieux et d’importance que ces histoires ont été collectées ; lieu et langue sont précisés, dessinant une géographie subtile des peuples. Que trouve-t-on dans ces récits ? Chaleur, humour, malice, explications logiques du monde (La bouche et la main, p. 70), exploration des relations hommes-femmes… Les animaux sont omniprésents : ils parlent, interviennent dans l’action et parfois en sont les seuls personnages (Le crapaud et le moustique, p. 59, Le lièvre et le caméléon, p. 99). Les mariages et les enfants foisonnent, et je n’ai pu m’empêcher de noter, en parfaite féministe occidentale, que les femmes avaient toujours des seconds rôles, dépendaient finalement des hommes seuls décideurs – un point de culture, somme toute. Le conteur introduit son récit de façon souvent poétique, ainsi : « Mon conte, d’un vol léger, file, file et va se poser quelque part […] » (p. 114), et le termine soit par une maxime à la façon des fables (« Dans la vie, on récolte le soir ce qu’on a semé le matin. », p. 23), soit par une apostrophe au lecteur/spectateur, l’incitant à participer. L’écoute active devient une pédagogie et les valeurs véhiculées par les histoires sont de vraies leçons de morale : respect de l’autre et des anciens, humilité, simplicité sont récompensés. Mais ce qui ressort avant tout est une espièglerie savoureuse, je vous conseille ainsi mon préféré, Un cadavre encombrant (p. 24). Bonne lecture !