Ce qui compte dans le premier baiser

Le narrateur, un jeune garçon, est très inquiet : il n’a jamais embrassé de fille et considère la chose comme une épreuve insurmontable. Il pense aimer Julie, se rapproche d’elle par de multiples stratagèmes. Son meilleur ami Nicolas fait tout pour l’aider. Mais Julie se lasse et notre héros écrit alors des poèmes sur l’universalité de l’amour, ce qui ne résout pas ses interrogations. Le premier baiser arrivera au moment où il s’y attend le moins…

Un livre entièrement consacré au premier baiser, voilà qui en intéressera plus d’un ! Que l’on soit concerné par ce problème existentiel ou qu’on l’ait dépassé, Thierry Lefèvre nous implique totalement dans les affres de questionnements de son petit héros. Une grande tendresse se ressent à la lecture, le regard bienveillant et un peu amusé de l’auteur.
L’humour, qui dédramatise, se manifeste par le constant décalage entre l’organisation extrêmement sérieuse du jeune garçon et la teneur de ses préoccupations : il monte un plan complexe de rencontres chez le dentiste, fait des détours en vélo, tente un « sondage amoureux »... Tout est savoureux dans ce petit roman à la langue vivante, une gageure si l’on considère qu’il n’est qu’un long monologue intérieur. Les moindres détails sont soignés, jusqu’aux titres de chapitres et aux petites citations en exergue, d’une gravité naïve (« Ce qui compte lorsqu’on aborde un nouvel univers, c’est de bien en cerner les limites et d’en explorer les frontières », p. 63). Avec toujours un souci d’esthétique de l’objet, Gulf Stream inaugure sous de bons auspices sa nouvelle collection de romans pour la jeunesse.