L'histoire de Merle (T. 2). La lumière de pierre

Le monde entier est tombé aux mains de Pharaon et de son armée de momies vivantes. La Reine des Eaux, qui vivait dans les canaux de Venise, a elle-même du se réfugier dans le corps d’une jeune fille, Merle. Merle est maintenant chargée d’aller en Enfer demander de l’aide au… Diable, appelé aussi Lord Lumière. Sur son lion de pierre volant, elle descend au centre de la terre. Pendant ce temps, Serafin, jeune voleur vénitien, tente avec des amis une insurrection contre le pharaon. Les deux expéditions ratent, mais tout espoir n’est pas perdu…

Je n’ai pas lu le premier tome, La Reine des Eaux, et cela m’a un peu gênée au début. Heureusement, les informations nécessaires sont données au fil de la lecture. Il faut dire qu’elles sont nombreuses : lieux, personnages, relations amicales ou non… Kai Meyer a créé tout un monde, et quel monde ! Impossible de vous relater tous les rebondissements de cet unique tome. La Terre est devenue une étrange fantasmagorie. Toutes les époques se mélangent (le Pharaon se retrouverait ainsi face à l’Empereur de Russie), l’imagination n’a pas de limites (monstres de pierre, armée de chats vengeurs, sirènes des mers géantes…). La poésie est présente elle aussi : Hiver, saison personnifiée, recherche son amour Eté, un miroitier magique a redonné des yeux à une jeune orpheline aveugle, la jolie sirène de la lagune a perdu sa queue mais pas son âme marine… Les scènes à Venise se déroulent souvent de nuit, dans la brume, et une atmosphère délicieusement surannée (un peu à la Edgar Poe) se fait sentir. Quant au voyage de Merle, il fait irrésistiblement penser à Voyage au centre de la Terre de Jules Verne et à L’Histoire sans fin de Michael Ende (voir le lion volant). Ouf !

Ce « bric-à-brac » qui aurait pu n’être qu’un fouillis d’éléments historiques, mythologiques, etc, accolés les uns aux autres se tient dans un tout cohérent. Il faut tout de même être un bon lecteur pour suivre sur la durée l’histoire, avec ses chapitres alternés centrés sur Merle ou Serafin. Le narrateur est impersonnel, il eût été délicat de procéder autrement dans cette fiction touffue. Bravo à la traductrice qui a su rendre les sensibilités des personnages sans se perdre dans les multiples inventions de l’auteur, d’origine allemande et reconnu dans son pays pour ses œuvres de fantasy. Et si le lecteur se doute que le troisième et dernier tome aboutira à la victoire de Merle sur Pharaon et à ses retrouvailles avec Serafin, on ne l’attend pas moins.