Capricieuse

Au milieu d’un bois luxuriant, Capricieuse, petite Poucette mal élevée, tombe d’un caillou et se blesse le pied. « Aïe ! Ouille ! Crotte ! », se plaint-elle, pestant contre les éléments de la nature, source de sa chute. Ses pleurs, d’un volume assourdissant, finissent par attirer une tortue. A la vue de ce grand reptile, Capricieuse sèche rapidement ses larmes et décide d’en tirer avantage. « Viens ici ! », lui ordonne-t-elle, puis elle s’installe sur son dos. Malheureusement, sa monture s’avère à l’opposé du destrier à l’allure galopante. Ni bouderie, ni crise, ni charme ne parviendront à modifier le rythme placide de la sympathique tortue. Obligée, bien malgré elle, de s’adapter à la cadence de sa compagne, Capricieuse finit par accepter sa situation. Elle se met alors à observer…

Ce changement d’attitude amènera la minuscule héroïne à modifier son regard sur cette expérience unique, ainsi que sur le monde qui l’entoure. Emerveillement et gratitude prennent le dessus sur l’agacement et l’apitoiement. Entre frayeur et délice, les aventures se poursuivront pour Capricieuse, accompagnée par sa sage et loyale tortue, jusqu'au dénouement final qui s’achèvera sur le ton d’un conte de fées contemporain. 

Béatrice Fontanel nous fait ici le cadeau d’une fable philosophique portant sur la valeur de la contemplation, mais il est également question d’une certaine sagesse méditative face à l’obstacle. Grâce à la tranquillité de la tortue, Capricieuse apprend à lâcher son envie de maîtrise et de vitesse afin de profiter pleinement de l’instant présent. 

Esthétiquement, l’album est tout simplement sublime. Faisant évoluer la petite fille au sein d’une nature teintée d’onirisme, Lucile Placin mélange les techniques et joue avec les couleurs ainsi que les motifs, qui jaillissent de chaque page, généreux et flamboyants. 

Petit éloge de la lenteur, au texte magnifiquement écrit, un chef d’œuvre à découvrir sans tarder !