Cap !

Cap ! c’est le cap que l’on tient, celui que l’on se donne, qu’on poursuit ; Cap ! c’est aussi, le défi qu’on se lance  : « Cap ou pas cap ? ».

Un texte en exergue à la première personne (« marcher », quitter « la route goudronnée », dit l’héroïne, « comme ça, sur un coup de tête…») déroule le projet et Loren Capelli, auteure-illustratrice, l’accompagne avec tendresse et bienveillance.

Un cartable à terre, une ligne noire de goudron, comme un top départ, des pieds joyeux pour fouler la terre, l’enfant commence son exploration. Nous ne la quitterons plus. Elle sera le point rouge du paysage immense de forêt dans laquelle elle se perd. Elle sera les mains qui touchent le feuillage, l’œil qui s’élève vers le ciel. Elle emporte son lecteur – regardeur dans l’exploration –, elle ouvre la nature pour nous et nous offre cette aventure du quotidien. Nous partageons son émotion, cri d’appel à l’inconnu, cœur battant, oreilles en alerte. Le temps est aboli.

L’auteure-illustratrice multiplie les points de vue différents. Tantôt gros plan sur ses mains qui tâtonnent ; tantôt plan large sur la petite face au vaste panorama des arbres ; tantôt regard rétréci à ce qu’elle voit, les énormes gendarmes rouges et noirs ou les somptueux papillons.

Le temps passe, le ciel s’éclaire ou s’obscurcit. La pluie et la danse d’amour des escargots, le dépouillement progressif de l’enfant qui enlève ses chaussures, son tee-shirt, révèlent la dimension initiatique de ce voyage au creux de la nature. L’eau, le ciel, la terre où elle s’endort, forment cet écrin dans lequel elle renaît et cet espace dans lequel elle peut trouver sa place.

La technique de Loren Capelli (dessin le plus fin, aquarelle, large place laissée au blanc ou paysages qui saturent la page) crée des alternances entre les moments où la fillette se sent toute petite, et ceux où elle observe à quatre pattes. Ode à la nature et à la liberté, on la suit ? Cap !