La guerre

Grise, la guerre avance, muette.

À pas d’araignée, ou subreptice comme un serpent à travers une forêt décharnée soudainement empourprée, l’auteur-narrateur d'abord sans parole va scander son discours par des images classiques ou des métaphores qui donnent sens : oiseau de malheur, maladie contagieuse « fulgurante » sont convoqués avant que l’anaphore « la guerre n’entend rien… la guerre sait… » n’impose la personnification de la guerre sous la forme d’un militaire aux larges épaules, à l’assaut duquel les araignées déjà connues du lecteur se lancent. Une formule résume ainsi la lente montée de la guerre, « la forme brutale de toutes les peurs ».

À partir de cette affirmation, les auteur et illustrateur développent d’autres images et d’autres conséquences. Certaines plutôt drôles comme la collection bien tranquille de casques (viking, perse ou napoléonien) et d’autres inquiétantes comme la flamme lancée, suspendue le temps d'un instant, avant d’atteindre la montagne de livres. Ensuite domine l’image de l’envahissement : usines, avions, militaires, bombes couvrent les pages en tous sens, « le fracas et le chaos ». Les images se superposent : pluie de bombes et d’avions, tous bien ordonnés et, comme des feuilles mortes, les si jolies petites silhouettes des morts. En conclusion, le silence. Seules survivent les araignées et ce n’est pas rassurant ! Un album gris et fort.