Soleil jusqu'à la fin

Amaya a douze ans quand sa mère décède, dévastée par le départ de son époux. La toute jeune fille accompagnée de sa poupée Soledad intègre un centre spécialisé. Elle s’y adapte bon gré mal gré, profite d’un brin d’enfance avec des camarades aussi cabossés qu’elle. Mais un « grand » va lui voler son innocence. L’épisode brutal plonge Amaya dans le mutisme. Elle est alors envoyée à la montagne, chez un couple de retraités habitués à accueillir les enfants en crise. Lentement, Amaya reprend confiance en elle et en les autres.

La plupart des pages donne une impression de brouillon, de dense et vivant, voire de bavard, à l’image de tout ce qui traverse l’esprit de la petite héroïne. Elle va même jusqu’à s’adresser nominativement à son lecteur, baptisé bizarrement « Albert » ! A ces envolées destinées à masquer la souffrance répondent des arrêts brusques : le temps se suspend du côté des adultes du centre, désemparés à chaque nouveau drame. La poupée Soledad, malmenée puis aimée, et à laquelle Amaya prête la parole et même l’action, joue également un rôle de substitution assez évident.

Si le dispositif narratif se comprend facilement, il n’enlève rien au talent de l’autrice, capable de rendre Amaya et ses amis bouleversants, mais aussi un brin agaçants : en un mot ce sont des enfants comme les autres. L’autrice joue fort avec le rebondissement du milieu, un viol qui va encore rompre le rythme pour nous emmener vers une quiétude plus lente, portée par deux retraités qui vont justement donner à la jeune fille le temps dont elle a besoin. Et, « soleil jusqu’à la fin », les derniers mots sont littéralement ceux de l’espoir.