La vie vue d'en bas

Atlanta 1890, peu après la guerre de Sécession. Jo Kuan a 17 ans et se rêve modiste. Du jour au lendemain, Mrs English, sa patronne, la renvoie : délit de faciès. Jo est Chinoise. La jeune fille se voit obligée d’accepter un poste en tant que femme de chambre. Elle qui s’imaginait déjà propriétaire de sa propre boutique, doit malheureusement revoir son avenir à la baisse. Jo ne se laisse pourtant pas aller. Une chose la pousse vers l’avant : l’écriture. Elle vit illégalement avec son père adoptif dans le sous-sol d’un journal qui est au bord de la faillite. Jo décide d’apporter son aide en donnant de la voix et en brisant les tabous d’Atlanta. Elle se met à écrire sous un pseudonyme, quitte à créer de grands chamboulements !

Stacey Lee nous permet, grâce à ce roman historique, de découvrir une face cachée des États-Unis. Alors que le pays vient de signer le quinzième amendement permettant aux hommes noirs de voter et d’avoir une citoyenneté, il n’introduit aucune réglementation quant aux personnes asiatiques. Pire encore, celles-ci, souffrant d’une mauvaise réputation, se retrouvent obligées de travailler dans les champs. Une autre forme d’esclavagisme éclot sans pour autant que la précédente soit complètement réglée. En effet, le roman met en scène, par exemple, l’instauration de la ségrégation dans les tramways. Ni blanche ni noire, Jo, elle, ne sait pas où est sa place et décide de quitter les transports publics.

La vie vue d’en bas raconte également la manière dont le white feminism avec les Suffragettes s’est mis en place au détriment des autres discriminations présentes sur la scène publique. À ce titre, le personnage de Noemi introduit une réflexion plus actuelle du féminisme incluant les minorités raciales.

Sur un ton frais et plein d’humour, avec une trame amoureuse et une réflexion sur les origines du personnage de Jo, ce roman invite à redécouvrir l’histoire américaine sous un autre angle.