Dans la jungle terrible jungle

Cela commence comme une chansonnette bien connue. Dans la jungle vivent des animaux aux lignes nettes, aux couleurs éclatantes et fluos ; un parti-pris décoratif fait de pois, de hachures, de lignes courbes et qui pourtant donne une impression d’ordre puisque chacun est avec les siens, serrés, rassemblés. Seuls les regards percent la forêt dense, jaguars, singes et zèbres fixent le lecteur. Tous ces animaux, un peu sur le qui-vive, se rassemblent autour d’un lac pour boire.

Avec beaucoup d’humour Arianna Tamburini organise le tableau des assoiffés face à leur reflet : la girafe, le lion, le tigre et même le crocodile se décomposent dans l’eau et le jeu des couleurs et des formes déconstruit un réel complètement fantaisiste. Tellement imaginaire que la pluie qui tombe, tombe sans répit, délave les pelages de sorte que tous se retrouvent blancs, décolorés, déshabillés, réduits à leur simple silhouette ! Panique chez les animaux, perdre ses couleurs, c’est perdre sa vie, son identité… La situation va être sauvée grâce au lac, à l’eau régénératrice. Tout va rentrer dans l’ordre, mais pas le même !

Un récit débridé que l’on pourrait lire comme une invitation à vivre ensemble grâce aux différences naturelles, mais surtout une fantaisie lumineuse, vitaminée et libre sur le bonheur de la création. Cela commence comme une chansonnette et cela s’achève comme une danse, « collés-serrés » selon les mots de l'autrice...