Omula et Rema (T. 1). La fin d'un monde

Un peu selon le principe du binôme imaginatif de Gianni Rodari, l'auteur Yves Sente et l'illustrateur Jorge Miguel imaginent la rencontre entre deux univers : science-fiction et péplum. De cette juxtaposition naît un récit polyphonique où se dessinent des personnages avant que leurs destins ne se croisent.

Tout commence donc dans un monde lointain et futuriste où la population en constante augmentation oblige Omula à embarquer avec ses parents à la recherche d’une nouvelle planète où vivre. Pour ce voyage au très long cours, les voyageurs doivent emmener avec eux des « substituts », clones susceptibles de leur fournir des pièces de rechange en cas de maladie ou d’incident.

Nous voici embarqués dans un univers de cités denses, aux immeubles et espaces immenses, où circulent des véhicules mi-voitures, mi-vaisseaux. Omula la brillante jeune fille est aimée de ses parents, elle s’ennuie à l’école, comme dans le monde d’ici.

Au même moment, dans un monde parallèle, dans la cité antique d’Albalonga, Amulius, frère cadet de Numitor, veut récupérer le trône de leur père Procas, pour satisfaire ses ambitions.

Lutte fratricide qui emprunte à Romulus et Rémus, dépaysement assuré, nous sommes dans la Rome antique : les architectures, les costumes nous le prouvent.

Le décor bleu d’acier et blanc des mondes du futur est contrebalancé par les verts, bruns, rouges de l’Antiquité. Par les alternances de plans larges et de plans rapprochés sur des visages ou des paysages, nous vivons tour à tour dans le passé ou le futur dans un mélange de thématiques modernes et de ressorts dramatiques de la cupidité, de l’envie, de l’abus de pouvoir.

Il y a de la virtuosité et de la malice dans les entrelacs d’univers où on rencontre les Amazones, des bébés abandonnés aux flots et les défaillances de la technique dans un monde où tout semble prévu sauf, bien sûr, l’imprévisible qui laisse à leur solitude un duo de filles, Omula et Réma, devenues jumelles.

Le lecteur attend la fusion des deux histoires avec curiosité et impatience d’autant plus que si la série porte le nom des héroïnes de science-fiction, nous suivons surtout les aventures de d’Aaxius, fils d’architecte, ami de Procas et de la princesse Réha, tous deux poursuivis par la haine d’Amulius. L’atmosphère de complot est à son comble.

Lorsque s’achève le tome 1, on regrette de quitter les héros attachants et on attend la suite… C’est bon signe !