Ava (T. 2). Ava préfère se battre

Pour les vacances d'été, Ava revient sur l'île de Jersey, chez son oncle où elle avait résolu précédemment une sordide histoire de meurtre, aidée de... spectres. Cette alliance inattendue lui avait permis de comprendre qu'elle était une consolatrice de fantômes, chargée de les aider à quitter définitivement la terre où ils sont morts. Son terrain d'action se situe donc sur les îles anglo-normandes, et, désireuse de bien faire, elle compte désormais tout apprendre de la consolatrice actuellement en poste.
Las, non seulement celle-ci ne se révèle pas à la hauteur attendue, mais les fantômes, réunis en grand conseil, expriment ouvertement leur rejet d'Ava, qui d'une part n'est pas d'ici, et d'autre part reste encore une humaine s'ingérant dans les affaires des morts. D'abord décontenancée, Ava se ressaisit sous l'impulsion de son taciturne ami Harald le Viking. Elle monte un projet, mène campagne, le tout en tombant amoureuse du fils du vendeur de pizzas...

Suivie par un narrateur externe, cette héroïne à la fois timide dans les affaires de cœur, peu sûre de ses capacités de leader, mais aussi impulsive face à l'injustice et décidée à faire valoir ses droits, fait mouche en quelques lignes. Elle est drôle sans le savoir, elle évolue lentement mais sûrement – le personnage d'Harald devient ici indispensable -, bref elle sait nous séduire avec naturel. En marge de ce qui s'apparente de très près à une véritable campagne électorale, elle aura aussi à cœur de dénouer un secret de famille entourant (justement) son ennemi, composant ainsi une intrigue linéaire mais complète, bien menée dans tous ses aspects.
Le ton use sans abuser d'un second degré subtil et d'une légère distance suscitant l'humour, qui se raccrochent évidemment à une ambiance que l'on peut qualifier de typiquement anglaise (après tout, on stigmatise suffisamment Ava et ses origines françaises). Avec Ava, nous arpentons encore les îles anglo-normandes et leurs petits secrets – je pense par exemple aux séances de spiritisme de Victor Hugo, dont on apprend ici qu'elles auraient été truquées par une des fantômes d'Ava. Détails soignés, héroïne adorable, jalons futurs posés l'air de rien, idées inventives voire farfelues : la série des « Ava préfère » est une réussite originale.