Blood Bar

USA, années 2000. Les blood bars, dans lesquels on consomme du sang, se sont développés suite à l'Eté de la Grande Soif, une terrible pénurie d'eau. Si les humains consomment occasionnellement ce genre de boissons, le sang est la nourriture exclusive de la petite Aaliana, vampire créé de toutes pièces par des services secrets. Lâchée dans la nature suite à un accident de voiture, amnésique, la petite fille devient l'enjeu de différents personnages : un vieil homme veut venger sa femme violée, un autre retrouver un univers de sensations sexuelles extrêmes…
Ce gros roman foisonnant est violent, sanglant, en un mot "gore" jusqu'à la nausée : scènes de tueries, de suicides, d'accidents s’enchaînent sans répit. La complaisance est cependant écartée grâce au travail de l'auteur : construction brillante, écriture maîtrisée. Sur le principe d'un roman choral, une galerie de personnages aigris finissent par se recouper dans une apothéose décourageante… Ils sont solitaires et alimentent leur vie par des dialogues imaginaires avec des gens absents ou décédés ; leurs histoires au présent se coupent de souvenirs ou de digressions qui aident à une compréhension de leur psychisme. Ce temps de la narration complètement déconstruit non seulement épouse l’intrigue erratique mais happe le lecteur : un monde effrayant autant que plausible se dessine. Daph Nobody (pseudonyme ?) possède un talent certain d’écrivain, ici au service d’une provocation explosive, et qu’on imagine voir évoluer au fil de ses écrits.