Burn

Depuis la mort de sa mère, Sarah, jeune métisse américaine, aide beaucoup son père à la ferme. Lorsqu’il fait appel à un dragon bleu pour débroussailler des champs, elle cherche à mieux connaître le placide et dangereux Kazimir. Celui-ci lui explique les raisons de sa venue : la protéger, elle, Sarah, d’une prophétie qui pourrait l’atteindre… En effet, les Croyants, adorateurs des dragons, prévoient un événement décisif pour l’humanité (en bien ou en mal ?) au moment précis où un satellite russe survolera la ferme de Sarah et de son père. Mais le FBI veille et poursuit Malcolm, le jeune Croyant chargé de mettre en œuvre la prophétie.

Ce n’est ici que le début et le cœur de ce roman foisonnant d’intelligence complexe. Il y est question des valeurs fondatrices de nos sociétés dans lesquelles la cruauté du dragon affleure bien souvent sous la peau humaine, sous la forme du racisme, du fanatisme, de la pauvreté, de la guerre froide aussi puisque nous sommes en 1957. Patrick Ness, philosophe autant qu’écrivain convaincu, va encore plus loin en introduisant la notion d’aléatoire, de mondes multiples dans lesquelles les événements se passent différemment parce qu’un monde interfère, si peu mais suffisamment, sur un autre, en cascade. Il est impossible de vivre en marge d’un flot de folie destructrice, chacun est poussé à l’interaction. Avec un narrateur externe très neutre, le lecteur navigue dans un fantastique poussé au réalisme, dérangeant et dur. Les dragons existent-ils, ou pas ? Peu importe, l’homme dans son univers leur donnera vie et des intentions qui ne seraient peut-être pas les leurs, d’ailleurs.