Chroniques de l'Archipel (T. 1). Le trésor des Okalus

Sur une île au beau milieu d’un archipel infesté de pirates, entre un père taiseux obsédé par sa plantation de citrangiers, un frère et une sœur aussi laids que méchants, le gentil Egbert peine à trouver sa place. Un beau jour, le chef de famille emmène ses enfants sur une île voisine, et entreprend une série de démarches d’un caractère commercial qu’Egbert peine à comprendre. Il s’en moque un peu, et profite de sa rencontre avec la jolie et vive Millicent, fille d’un riche ami de son père.
Et puis brutalement, Egbert se retrouve orphelin : ses proches ont disparu dans un voyage en montgolfière. Egbert est recueilli par la famille de Millicent, et il mène quelque temps une belle vie. Mais l’insistance du père de son amie à l’adopter officiellement le perturbe, et il se voit bientôt contraint de fuguer. Il s’allie à un jeune pirate aussi gouailleur que rusé, et cherche à savoir ce qui se passe. Son père aurait apparemment trouvé un trésor – le trésor mythique des Autochtones, habitants primitifs de l’île rendus esclaves par les colons, dont il fait partie – sur la plantation de citrangiers. Une course contre la montre avec l’infâme père de Millicent se met en place…

C’est un roman à péripéties tonique, dynamique, qui joue aussi bien du sentimental (le jeune orphelin, l’amour porté à Millicent) que de l’action (les pirates violents, le complot pour tuer le héros). Le narrateur n’est autre qu’Egbert, petit garçon futé, courageux, devenu porteur d’un lourd héritage qui l’encombre mais qu’il est bien décidé à valoriser. Il observe, et raconte par le menu tout ce qu’il voit, tout ce qu’il pense, offrant une impression de plein à l’écriture même lorsqu’il ne se passe pas grand-chose. Il faut alors se laisser porter, disperser, pour apprécier le côté farfelu de cette série junior qui renoue avec la grande tradition du roman d’aventures.
Tout en faisant bien avancer son histoire malgré une exposition touffue, l’auteur prend visiblement soin de garder en réserve moult secrets destinés à attirer le lecteur vers la suite : dans quel camp Millicent se situera-t-elle ? La famille d’Egbert a-t-elle vraiment disparu ? Comment vont réagir les Autochtones ? Nul doute que les trois personnages principaux – l’intelligent raisonnable, le teigneux au grand cœur, la jolie poupée volontaire – devront s’allier pour parvenir à déjouer les pièges et préserver le « trésor ». De fait, toute cette construction est un peu facile. Mais l’enthousiasme débordant de dangers, la fantaisie sans limites qui ressortent globalement du livre devraient emporter l’adhésion chez les 10/12 ans.