Clash à la plage

Trois enquêtes se partagent ce recueil. Construites sur un modèle identique, la première page présente, dans un article de journal, une énigme un peu abracadabrante : l’histoire d’Aubin Didont, roi de la pince à linge, enfermé dans sa salle de bain sous l’eau froide dans son hôtel Haifonne ; ou l’histoire de l’explosion de l’amplificateur des Tashs au camping Pongue de Loce-en-Gélesse ; ou encore l’histoire des glaces frelatées sur la plage de Bichomah Beach ! Ce sont les situations problèmes.
La deuxième page présente une photo de reconstitution, sur laquelle figurent onze suspects à un instant « t » de leur activité. Viennent ensuite onze photos d’identité avec nom, prénom, âge, taille, métier et adresse. L’enquête peut alors commencer et, comme dans Dix petits nègres, chaque double page constitue un indice qui permet d’innocenter un suspect jusqu’au moment où il n’en reste plus qu’un.
Le sel de ce roman tient à sa dimension parodique : suspense et jeux de logique chers aux magazines sont tournés en dérision. Tous y passent : les mots fléchés, les suites logiques, les repérages sur quadrillage, les jeux des différences, les anagrammes, etc, mais tous sont si longs ou si complexes que seuls des lecteurs tenaces peuvent prétendre à la réussite, et encore ! Le comique est aussi lié aux jeux de mots incessants qui font système. Ainsi le nom du suspect est en lien avec son métier et son adresse : Jerry Gollet, instituteur habite 9 allée Hotablot ; Yves Airabien, routier habite rue Ker-Hozen à Lorient. Les héros caricaturaux de Pronto, aux têtes ahuries, assortis de détails assez grossiers, vêtements (chapeau, cravate) ou accessoires (bouée, pack de bière) sont identifiés comme des personnages un peu dépassés, classe moyenne en goguette. Avec ses intrigues très complexes au point d’être décourageantes, ce livre réjouira plus les lecteurs de comics que les lecteurs de polars et quoi qu’il en soit, il demande de sérieuses capacités de lecture (textes, images) pour en apprécier l’humour.