Dictionnaires Desmarteaux

Le titre en forme de jeu de mots donne le ton : Claudine Desmarteau sait se moquer d'elle, et cette humilité va lui donner le droit de saboter les opinions de tous les autres. Les Dictionnaires des marteaux compilent ainsi Le petit rebelle, paru en 2001, et Le dictionnaire des synonymes, paru en 2004. Le petit format carré appelle la main : plongeons-nous dans cet univers grinçant.
Le narrateur du petit rebelle, sûr de lui, propose des définitions sur tout et sur rien, ce qui l'entoure au quotidien comme les grands problèmes de société. Son point de vue naïf d'enfant fait évidemment méchamment mouche, dans un inventaire agressif envers nos modes de consommation. Quelques exemples frappés au coin du bon sens : « temps : un jour, un imbécile a dit : 'le temps, c'est de l'argent'. Dans la rue, il y a un tas de gens qui ont beaucoup de temps et pas d'argent du tout. », « acariens : c'est un peu comme Dieu ou le Père Noël. Ils existent mais on ne les voit pas. ».
Le dictionnaire des synonymes, qu'il mette en scène le même garçonnet ou pas, propose une histoire suivie, celle d'un cancre qui doit passer un contrôle de mathématiques, ce qui le rend malade. Le livre serait une commande du Ministre de l'Education Occipitale, visant à enrichir le vocabulaire des petits lecteurs. De fait, notre héros s'exprime avec moult circonvolutions et synonymes, usant du langage châtié autant que de l'argot le plus vulgaire. Tout est langage, n'est-il pas ?! Le Ministre de l'Education Occipitale s'étrangle bien un peu, mais notre héros résiste, parvenant même à magnifier son problème de mathématiques.
Sur fond crème, le tout s'accompagne des dessins si reconnaissables de l'auteur, en rouge et noir, mochetés brouillonnes en fait voulues et travaillées, parfaitement dans l'esprit général de l'ouvrage. Réjouissant dès 9/10 ans, indispensable à la survie mentale du jeune écolier.