Divergente (T. 2)

Nous avons quitté Tris, Quatre et leurs amis ou ennemis dans un monde dévasté : les trahisons au sein d’un même groupe se multiplient, les factions sont prêtes à voler en éclats, et la leader des Erudits, à l’origine d’un sérum de simulation capable de contrôler les esprits, continue à mener ses recherches avidement. Dans quel but ? Tris se demande si la prise de pouvoir est bien son objectif essentiel. Il semblerait en effet que la détention d’informations secrètes soit l’enjeu réel de cette guerre civile, et la jeune fille veut récupérer ces données si sensibles. Mais Quatre n’est pas de cet avis : selon lui, il faut avant tout renverser les Erudits, et pour ce faire éventuellement se rallier aux sans-factions…

Inutile d’espérer se plonger dans cet univers total sans avoir lu le premier tome, qui posait les jalons d’un monde futuriste coupé en clans, chacun ayant des tâches déterminées par le caractère de ses membres : les Altruistes, les Sincères, les Fraternels, les Erudits et les Audacieux, dont Tris et Quatre font partie seulement par intégration. En effet, les deux jeunes gens sont avant tout des Divergents, rassemblant les compétences de plusieurs factions et susceptibles par là de résister aux manipulations mentales des Erudits. C’est sur cette faille que le roman insiste, désireux de souligner l’arbitraire d’une société de classes et l’importance de la liberté de choix. Après, tout est une question d’action : l’ouvrage est particulièrement musclé en rebondissements, les deux héros principaux regrettant d’ailleurs de ne pas disposer de plus de temps pour donner libre cours à leur amour… Veronica Roth sait jouer avec nos nerfs, elle sème blessures et disparitions au fil des pages et nous trouble sans temps morts. Elle pourrait presque en oublier la psychologie de ses personnages, si les événements eux-mêmes n’étaient pas souvent guidés par des expériences de ces « simulations » virtuelles, où chacun affronte ses peurs, fait des choix qui orientent ensuite son réel. Tris est très habile à ce petit jeu, et sa figure prend ici le pas sur Quatre, avec lequel elle se trouve la plupart du temps en opposition. Mais ne nous y trompons pas, un troisième tome offrira réconciliation au sein du jeune couple, et peut-être, enfin, la vérité sur l’origine des factions… Une dystopie fort bien faite, écrite pour happer le lecteur.