Dom do dom!

Pour chasser la tristesse ou la rendre supportable, peut-être suffit-il de la peupler d’êtres selon notre cœur… Ervin Lazar s’y applique et son petit théâtre farfelu présente Micamata, le chat qui nageait dans ses bottes, Séraphin Canasson, le cheval outremer, Sylvestre le Grand, un sapin mobile, Domdodom, sans oublier Maminette, la petite fée verte et d’autres personnages incongrus. Comme dans l’univers de Moumine le troll, ce petit monde vit tranquillement des aventures modestes et drôles, simples ou loufoques que reconnaîtront les enfants : tomber de sommeil et lutter contre, faire la course et tricher pour gagner. le dialogue entre la fleur de Kirimatou et les habitants de la forêt Maboule au Carré vaut celui de la rose du Petit Prince : on peut aimer sans assurance et sans illusion, quelqu’un de tête en l’air, la fleur sait bien que Kirimatou oubliera de la rempoter, arroser, bichonner, mais le cœur a ses raisons…
Difficile de rendre compte de ce livre écrit par épisodes et touches délicates mais on se laisse prendre au charme hors du temps qui distille aimablement quelques morales ou leçons : se laver les dents, les soigner, être solidaire.
Répétitions, onomatopées, mots chahutés ou inventés (ainsi le Dr Zogouri est-il « dento-quenottologue ») participent au plaisir de ce roman poétique auquel cette traduction fait honneur, permettant ainsi qu’Ervin Lazar, auteur hongrois peu connu, accède au rang de classique.