Féminine

À la suite d’un déménagement, Gabrielle doit s’adapter pendant l’année scolaire à un nouveau collège. Situation difficile pour une adolescente originale qui aime et pratique la boxe, se revendique féministe. Malheureusement pour elle, sa classe est dominée par Maël, un garçon sûr de sa puissance virile. Filles et garçons soit appartiennent à sa bande, tels Manon ou Tristan ; soit se taisent comme Capucine ou Timeo qui ne supportent pas le machisme de Maël.

Louison Nielman dessine les caractères et les actions des uns, des unes et des autres avec nuances. Les personnages ne sont pas héroïques tout le temps : Gabrielle, la rebelle, peut ne pas avoir envie de soutenir Capucine qui se sent seule ; Manon ressent bien des humiliations infligées par les garçons mais elle ne se sent pas la force de leur répondre. Les adultes, quant à eux, sont attentifs et vivent pleinement leur fonction d’éducateurs : les parents de Gabrielle préfèreraient qu’elle aime autre chose que la boxe ou le rugby mais la laissent libre de ses choix ; les autorités du collège suivent de près les remarques blessantes ou déplacées qui circulent entre les élèves garçons et/ou filles et savent réagir. L’autrice s’attache donc à créer des situations proches de la réalité pour résonner en écho avec la vie des jeunes lecteurs·rices et susciter une réflexion, des échanges, des débats sur l’égalité de tous, dans la différence de chacun.

On n’est pas très inquiet quant à la réussite finale de Gabrielle dans son combat de juste cause mais elle n’est pas infaillible et sait échouer dans un combat de boxe avec plus fort qu’elle. Accepter ses forces, ses faiblesses, reconnaître ses torts, tout est affaire d’apprentissages et c’est l’essentiel du message transmis par le roman. Les stéréotypes de genre sont dépassés et on est bien content lorsque Maël est ridiculisé par Gabrielle, les lourdes blagues sur les apparences physiques sont insupportables mais il reste à chacun, chacune de trouver sa voie afin de s'ouvrir à l’autre et à ses particularités. Message complexe au-delà des termes habituels de macho, sexiste, homophobe, souvent réducteurs à l’égard des souffrances et des effets qu’ils engendrent.