Fil après fil

Des nuages multicolores pleuvent des confettis, comme pour une fête au Pays des rêves. Pourtant, le propos d’Olympe Perrier et Thanh Portal est d’évoquer les liens bien réels qui nous unissent et qui nous tissent, faisant de nous un patchwork d’expériences relationnelles constructives : voici un livre pour grandir, à tout âge !

Olympe Perrier déroule le fil de son récit comme celui d’un conte oriental et Thanh Portal l’imagine comme ce grand ruban de couleur changeante qui s’enroule autour des êtres pour les réunir et symboliser tout ce qui les rassemble au-delà de ce qui parfois les sépare. Il est question dans cet album de toutes les formes de liens, d’abord celui entre parent et enfant, le narrateur qui s’adresse à l’enfant, mais aussi le lien entre amis, le fil d’amour et celui du souvenir, celui de l’entraide, et celui qui nous contraint, qui nous éloigne. Des situations qui sont le reflet de la vie, de ses expériences, sans gommer les difficultés, mais tous ces liens n’en forment qu’un seul, le fil de la vie, dont toutes les boucles peuvent être figurées par un cœur.

Dans un mouvement continu qui berce ou parfois emporte, au rythme des images nées aussi du texte métaphorique d’Olympe Perrier, l’illustratrice nous offre de grandes doubles-pages pleines de légèreté où chaque brin d’herbe frissonne, avec des feuillages et des fleurs qui s’épanouissent comme les sujets des tapisseries de Dom Robert. Les motifs de cette illustration naïve et colorée qui touchera les plus petits oscillent entre le réalisme de promenades en forêt ou au parc et le symbolisme quand l’orage gronde de colère ou que la mer se déchaîne de tristesse, quand explosent comme autant de bombes fleuries les émotions du premier amour…

Ainsi, de la réflexion sur ce thème du lien naît aussi une alchimie entre texte et image, qui nous fait nous interroger sur le rôle de nos émotions, de nos sentiments, dans ces relations que nous établissons avec autrui, et qui nous guident. Un livre qu’on n’en finit pas de relire, tant le fil qu’il débobine semble ne jamais finir…