Je serai cet humain qui aime et qui navigue

Chaque été, un jeune garçon passe ses vacances au bord de la mer, chez son grand-père, un ancien marin aguerri dont les récits résonnent de nostalgie. Lors d’une pêche à pied le long du littoral, il trouve un coquillage échoué, portant l’inscription mystérieuse « Écoute-moi ! » gravée sur sa volute. En approchant la conque de son oreille, il perçoit une mélopée dans une langue inconnue qui l'intrigue profondément. Le vieil homme, lui, n'entend que le grondement de l'océan, semblable à une tempête maritime.

Sous le titre évocateur d'une prophétie estivale, la relation touchante entre le petit-fils et son grand-père explore la complicité et la transmission. À travers des souvenirs partagés, Franck Prévot célèbre l’importance des liens affectifs et de l’imagination dans l’épanouissement de l’enfant. Le murmure de la coquille l’encourage à naviguer entre les mots et le monde, à découvrir ses racines et à créer pour « s’envoiler ». Dans ce récit initiatique, le poème, qui sert de métaphore à l'émancipation, incite le jeune protagoniste à devenir à la fois aimant et explorateur.

L’auteur emprunte subtilement aux accents de poètes comme Baudelaire, Apollinaire ou Verlaine pour sublimer la liberté poétique. À travers ce lien intergénérationnel, l’album offre une expérience sensorielle, où les vers et les émotions s’entrelacent, invitant à ressentir plutôt qu'à comprendre. Tel un chant de sirènes, la musicalité du texte envoûte le lecteur, l’entraînant dans un voyage littéraire.

Les illustrations aux teintes pastel évoquent avec grâce la terre, la mer et le ciel, tandis que le jeu de traits fins illumine les dessins stylisés. Le format généreux de l’ouvrage et la mise en pages à fonds perdus captent l’immensité de la nature, insufflant un vent de liberté et suggérant irrésistiblement l’appel du large.

Cet album, telle une vague, emporte petits et grands dans une odyssée où la poésie devient une embarcation pour l’imaginaire. À la fin du périple, le lecteur, devenu navigateur, comprend que l'œuvre révèle à chacun un langage singulier.