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Date de publication
Age-cible

Je suis fort dans un domaine qui n'existe pas

Sélection des rédacteurs
Poésie
à partir de 14 ans
: 9782841163472
15.00
euros

L'avis de Ricochet

« Je suis fort dans un domaine qui n’existe pas » : voilà bien une phrase qui devrait devenir mantra pour tous ceux et toutes celles dont la confiance en soi n’est pas une évidence… et ils et elles sont nombreux·ses aussi parmi les plus jeunes. Et en effet, au fil des pages de ce bref manifeste, le « je » narrateur, peu importe qui il est car il peut être endossé par quiconque se reconnaît, décrit une attitude, une présence, dissonante, perturbante dans le collectif. Une individualité qui ose s’affirmer. D’ailleurs, les illustrations évoquent ces petits recueils d’objets introuvables qui pimentent l’imaginaire des enfants, provoquant leur esprit au jeu de l’Impossible. Les vignettes qui jouent du contraste entre noir et blanc étayent chaque assertion de l’interprétation visuelle de Rascal, précise et soignée rien moins que farfelue, à la fois très proche et très inspirée, comme la découpe d’un profil double une fois déplié qui accompagne « mes parents ont donné deux prénoms à ma sœur comme si elle avait deux têtes ».

Dans la collection Poèmes pour grandir, ce recueil atypique s’adresse à un public assez ouvert pour se prêter au jeu de la confusion, assez spontané pour y participer sans trop ratiociner, car « c’est important d’avoir des semelles magnifiques parce que personne ne les regarde ça compte vraiment parce que c’est une partie de la chaussure qui n’appartient pas au regard des autres ».

À la première lecture, d’aucuns diraient : c'est de l'« absurde » (« manifestement et immédiatement senti comme contraire à la raison, au sens commun »[1]) proche du nonsense anglais ; c’est l’impression que laisse la lecture de ces phrases sans ponctuation, donc sans contraintes, comme une pensée qui surgit et s’exprime sans filtre, avant qu’on la mette en forme :

 « quand je suis dans un endroit où il y a beaucoup de monde je choisis une personne et je la fixe je la fixe de manière rassurante ».

L’absence de directives d’interprétation retient la compréhension a priori simultanée de ce qui est lu, et crée une situation de lecture proche sans doute des premiers essais de déchiffrage, où il faut associer son et forme avec le sens. Dans le cas Simon Allonneau poète, il est à mon avis plus proche de l’absurdus latin, qui signifie « dissonant, qui s’écarte du son communément produit », sauf que j’écrirais sens plutôt que son. Le sens des phrases produites par Simon Allonneau fait un écart par rapport au sens communément produit, et auquel généralement on ne réfléchit plus : « dans une conversation c’est impossible de dire la vérité le but est de trouver une phrase qui suit une phrase possible une phrase qui va avec le reste comme une casquette qui va avec un pull […] ». En cela, Simon Allonneau, ou le « je » qu’il représente, introduit le doute. Un chuchotement, sourd murmure, est produit par ce « je » énigmatique qui n’est pas nous, mais qui se met à bourdonner en nous, pour nous : qu’est-ce que je suis en train de lire ? L’instant d’arrêt nous suggère de prendre le temps. Laissons parler la voix qui susurre en nous, qui nous éloigne du commun pour nous entraîner dans la forêt des symboles, pour ressentir l’écho puissant de ces phrases qui, loin d’être sans queue ni tête, expriment surtout quelques vérités bien senties, à même d’enchanter le lecteur peu à peu enivré par ce charme inconnu, qui fait un peu tourner la tête.

« plus on reste de temps en forêt plus on a de chances de prendre une branche sur la tête ce qui prouve que le temps fait que les arbres nous détestent progressivement » .

Oui, justement, si nous tournions un peu la tête, juste un peu sur le côté, pour voir ailleurs, autrement, par nous-mêmes ? Quel frisson ! Cet « Absurde ! » qu’on dénigre en le crachant parfois distille pourtant au secret de nous-mêmes le goût de l’irrationnel, de la fantaisie, le goût des mots et des formules, tout cet éventail de possibles dont le bourdonnement ne demande qu’à enfler jusqu’à s’exprimer en mots comme en images, sur la page ou dans la vie, une vie non conformiste. Vertigineux et jubilatoire.


[1] Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales ( cnrtl.fr)

Présentation par l'éditeur

« un jour j'ai pris un oiseau en photo et je l'ai montré à un spécialiste il a regardé mon oiseau comme si c'était un oiseau inintéressant je croyais que quand on est spécialiste des oiseaux on s'intéressait à tous les oiseaux et bien non il y a des oiseaux on s'en fout »

Vous cherchez un sens à la vie ? Ce livre ne vous en donnera pas. À la place, Simon Allonneau et Rascal vous proposent des solutions à des problèmes qui n'existent pas, dans cette collection de pensées et d'images percutantes et sans détour.

Une bouffée d'humour face à l'absurdité du monde !

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