Jessie des ténèbres

Harcelée au collège, peinée par les disputes de ses parents adoptifs, Jessie rêve d’autre chose, sans savoir trop quoi. Dans la forêt près de chez elle, elle rencontre Alice, une fille pétillante qui l’encourage à s’épanouir. Alice offre à Jessie des compagnons animaux aux pouvoirs surnaturels : une taupe qui lui rend la vue, une colombe qui apaise ses parents…

En parallèle, Jessie ne cesse de faire des cauchemars nocturnes : elle y suit sa poupée clown Gunzo jusqu’à une maison inhabitée, peuplée de rats et de membres sectionnés. Chaque nuit, Jessie vainc un peu plus ses peurs et avance dans la maison. De quoi s’agit-il ? La vérité de ces rêves pourrait bien concerner la mère biologique de la jeune fille.

A ce jeu de psychologie se rajoute la présence de Gaspard, un des rares collégiens à apprécier Jessie, et par ailleurs héros d’un précédent roman de Yann Rambaud. Sa présence aidante, un peu amoureuse, reste annexe et le lecteur n’a pas besoin d’en savoir plus. L’histoire unique de Jessie est donc bien celle qui nous occupe, à mi-chemin de la démonstration exemplaire et d’une jolie finesse inventive.

En effet, nul besoin d’être malin pour deviner d’où viennent les cauchemars de l’héroïne, et ces membres de femme qui peu à peu composent un corps : l’insistance est proche. Mais les scènes dans la forêt, les belles rencontres animales ou humaines sont beaucoup plus suggestives, révélant un secret inattendu autour d’Alice. Au final et clopinant sur ses idées sans perdre le fil, le roman vaut un détour attentif. En attendant un troisième tome promis en postface, explorant sans doute à nouveau la psyché de personnages adolescents et les thèmes difficiles des origines, de la mort…