Koi ke bzzz ?

Deux personnages, insectes anthropomorphisés, papillons aux ailes fines et fins visages humains, se penchent sur une petite tige verte émergente. Ils s’interrogent : « Koi ke bzzz ? » La couverture affiche ouvertement l’originalité de cet album de Carson Ellis : un univers onirique entre monde animal, végétal, humain et un langage imaginaire.

Le contexte est celui d’une forêt ou d’un champ abandonné, symbolisé par un tronc abattu et une petite crosse verte qui rappelle une fougère. Sur une branche dénudée, une chenille qui va s’enfermer dans son cocon complète le tableau d’une vie autonome et souterraine. Ce tronc solitaire, cette branche et cette pousse sont le décor d’un cycle de vie : la pousse grandit, elle fleurit, meurt et se régénère l’année suivante. Dans ce décor et sur cette plante, toute une vie animale vibre au sens premier puisque leur langage est fait d’interrogations et d’exclamations. Certaines sont transparentes : « koi ke bzzz » ressemble à « c’est quoi ça ? », « za zu pat » à « je ne sais pas », « za plonk tro hoot » à « ça pousse trop haut », comme en témoigne le recours à une échelle. Une si belle plante appelle une maison où se réfugier quand on est insecte même si certains animaux paraissent mal intentionnés comme l’énorme araignée qui enferme la maison dans sa toile.

On peut être, au choix, attiré par cette figuration poétique et fantasque ou indifférent à cette histoire entre réalité et fiction. Quoi qu’il en soit, Carson Ellis poursuit avec cet album son approche personnelle entre nature et féérie.