Kurtville

Voici la cinquième aventure de Kurt, le conducteur d’élévateur transpalette, et de sa famille, dont nous avons fait la connaissance en 2006, dans le premier épisode de cette série norvégienne, Kurt et le poisson, qui a reçu à Montreuil le Prix Tam Tam.

Les vacances arrivent ; le Fenwick familial est chargé et Kurt et les siens partent vers la Finlande où ils comptent bien visiter la célèbre Vallée de Moumine. Mais un accident les empêche d’arriver à bon port. Après avoir dérivé quelques jours sur une rivière, ils parviennent à Kurtville. La ville est dominée par une certaine Christine Sado qui est le leader de la communauté religieuse Ping- Pong, particulièrement virulente. Comme leur nom le suggère, ces fous furieux vivent de la vente de tables de ping-pong, tout en priant comme des forcenés. Kurt, qui n’a plus toutes ces facultés après avoir reçu un violent coup sur la tête, endosse avec aisance le rôle de gourou (le précédent a été arrêté par la police !). Mais ceci n’est guère du goût d’Anne-Lise, sa femme, ni des enfants, Héléna, Kurt-Soda et Bud. Anne-Lise, le voix de la raison, ne reconnait plus son mari et va tout faire pour que qu’ils puissent tous ensemble enfin quitter cette ville de cauchemar. Ce qui ne va pas s’avérer si facile …
Avec les aventures de Kurt, un père de famille qui semble au départ un peu naïf et farfelu, Erlend Loe ne cesse de dénoncer les travers de notre société et les démons qui la hantent. En cela, il fait œuvre politique. Dans les quatre tomes précédents, il s’est intéressé au pouvoir de l’argent et de ses dérives, puis au culte de la célébrité, au racisme, à la xénophobie. Ici, il dénonce de belle manière, avec un humour léger mais efficace, le fondamentalisme religieux et l’emprise des sectes. Il s’est inspiré pour cela d’une affaire de meurtres qui a eu lieu dans le village de Knutby, en 2004, dans le centre de la Suède, au sein d’une congrégation religieuse.
Le roman, comme les autres, est illustré par le graphiste norvégien Kim Hiorthøy qui a su donner aux personnages désormais familiers une identité visuelle immédiatement reconnaissable. On aime la drôle de moustache de Kurt et sa houppette de cheveux !
Kurt est une série forte, qui occupe une place à part dans le petit monde de la littérature de jeunesse.