La baleine du bus 29

Une petite fille nommée Alice prend le bus pour aller à l'école.
Le jeudi matin à l'arrêt de bus, elle tombe sur une grosse dame installée là, entourée de ses sacs. Le vendredi elle commence à lui parler, le samedi elle continue, le dimanche il neige et le lundi, la dame a disparu.
Pour la petite fille la dame n'est pas une femme, c'est une baleine, échouée presque par hasard certainement à la suite d'un tsunami.

S'ensuit une relation complexe et loufoque entre la SDF truculente et Alice. La première disant par exemple à la seconde : « Referme la porte derrière toi, veux-tu ? Tu fais des courants d'air. ». Elle lui demande également de s'acquitter d'une taxe de cinq sourires pour pouvoir passer.
Alice, elle, a un peu peur de cette femme mais elle ne peut pas s'empêcher de sourire et d'entrer dans son jeu. Les dialogues ainsi que les pensées d'Alice virevoltent. Les deux héroïnes s'apprivoisent. À la disparition de la SDF, Alice a changé et le monde autour d'elle également : les voyageurs dans le bus ne sont plus des adultes ternes et grognons mais des lapins (prêts à emmener Alice au pays des merveilles ?).
Christine Beigel évoque dans son texte à la limite du slam une rencontre peu probable entre une petite fille à l'imagination fertile et une femme en détresse mais encore capable de parler de poésie et de fantaisie.
Alessia Bravo vient de recevoir le prix Jérôme Main pour un premier album. Elle se joue des perspectives, et autres rigueurs stylistiques avec des illustrations aquatiques disproportionnées tout en rondeur et en douceur.

Le résultat est un album surprenant et riche, une espèce de conte moderne à la fois naïf et terriblement pointu.