La baleine la plus seule au monde

Sur une île, une enfant ; au fond de l’océan, une baleine. Entre les deux, un papa scientifique, aventurier rêveur. Cette histoire est une aventure sentimentale, et elle éveillera chez l’enfant lecteur ou lectrice une foule d’émotions.

L’album s’origine dans l’histoire d’une baleine isolée dans l’immensité du Pacifique. On l’a surnommée « 52 », chiffre correspondant à la tonalité de son chant, rare parmi les cétacés, et qui l’empêcherait de communiquer, voire de frayer avec ceux de son espèce… Dans cette histoire, un scientifique a pour mission de retrouver cette baleine.

L’illustration de couverture nous renseigne sur le vrai sujet du livre. On y voit une petite fille seule sur un tout petit îlot qui tend la main vers une baleine blanche comme une apparition, toute scintillante, avec un éclat dans l’œil qui remplit son regard de bienveillance. Elle est comme un guide qui se détache sur ce fond en camaïeu de bleu.

L’enfant attend son papa, parti pour de longues missions sous-marines dans son submersible jaune comme un jouet. Elle reste seule gardienne d’un phare sur une île, sans autre habitant. Lorsque son père revient, c’est la fête ! Sa collection de coquillages s’enrichit, les histoires et les câlins s’enchaînent, jusqu’au moment d’un nouveau départ. Alors, Lila retourne à ses courses solitaires destinées à tromper le temps… pendant que Papa rêve de trouver la baleine perdue.

De son côté, Lila essaie aussi d’alerter la baleine. Et – rêve ou réalité ? – chaque nuit, la petite fille rejoint l’animal solitaire qu’elle baptise Hertzie. Tous deux nagent dans l’océan comme dans une immense baignoire, et, au détour d’une de ces rencontres, Lila retrouve même son papa dans son sous-marin jaune… Chaque nuit, Lila oublie sa tristesse, et la baleine a trouvé une amie.

Le texte est poignant, très émouvant, et l’enfant ressentira certainement la tristesse de la vie de Lila, l’accablement de son isolement, physique et émotionnel, alors que son père parcourt les mers, obnubilé par sa passion. La profondeur de ce sentiment est renforcée par la tonalité bleu-gris de l’album, striée par les volutes des aurores boréales ; et elle est tempérée par le style de l’illustration, plein des rondeurs de l’univers marin. Quelques touches rousses, comme la chevelure de Lila, viennent éclairer les moments de bonheur. Malgré la maturité de Lila, et la compréhension qu’elle manifeste pour son père, il faudra attendre la toute dernière page pour qu’enfin brille une petite lueur d’espoir. Une belle histoire.