La chose

Très beau traitement tout en transparence, à l’aquarelle et au pastel, pour cette aventure rocambolesque où un couple de volatiles à grand bec jaune d’or, à l’allure humaine et chapeautés en conséquence, recueille un objet rond et blanc qu’eux-mêmes n’identifient pas, même si dès le début, pour le lecteur, il ne fait pas vraiment de doute qu’il s’agit d’un œuf…

Dans une atmosphère aquatique, nimbée d’une lumière translucide, les deux oiseaux Bettina et Bertil se disputent autour de leur trouvaille et sur son avenir auprès d’eux. Le lecteur devine d’autres créatures, en marge, plus grandes, tout en jambes ou en pattes, probablement liées d’amour, avec des têtes à gros bec et yeux ronds, anthropomorphes mais plus authentiquement animales que nos deux protagonistes. Leurs silhouettes forment un cadre plein de mystère, celui d’un autre monde, méconnu, à la frontière de l’univers paisible et rassurant né de la discussion à bâtons rompus et pleine de naïveté que mènent les deux B.

Beaucoup de douceur dans cette aventure, et pas mal d’humour, pour exprimer l’incertitude face à l’inconnu, la crainte ou même l’inquiétude quant aux conséquences de leur choix de garder ou pas, de protéger ou non, ce qu’ils ont découvert. Les considérations sur la nature de « la chose », les diverses postures pleines de doute de Bettina, les différents mobiliers choisis pour protéger leur découverte font évoluer la situation, mais pas pour autant leur compréhension. Il est intéressant de voir peu à peu Bertil et Bettina renoncer à s’approprier l’objet, puis à décider de son sort. Et c’est dans un landau que « la chose » sera finalement rapportée là où elle a été prélevée…

Une approche plastique symbolique pour une réflexion originale sur le respect à observer face à l’inconnu, l’inattendu ou l’incompréhensible ; le respect de la différence.