La femme auteur

Toute jeune veuve, Natalie est impétueuse, curieuse, et elle veut devenir une femme écrivain. Sa sœur Dorothée, sage et tranquille mère de famille, s’inquiète pour elle. Natalie s’amourache de Germeuil, homme brillant en société mais inconstant en privé. Leur relation déjà complexe s’envenime lorsque Natalie publie un premier ouvrage et qu’elle atteint une petite célébrité. Germeuil préfèrera une femme riche et bête à une Natalie puissante.

Le roman, écrit en 1802, transpire le style de l’époque, avec des chassés-croisés amoureux mâtinés de politique qui pourront perdre plus d’un jeune lecteur actuel. Cependant, court et unilatéralement centré sur Natalie, avec Dorothée en contre-point, il mérite attention par son double-sens assumé. Félicité de Genlis prêche le mal pour le bien, si on peut dire, mettant Natalie dans les pires difficultés, la fustigeant des défauts les plus flagrants, alors qu’elle se projette pour beaucoup dans son héroïne. Victime elle-même de la misogynie de son époque, l’autrice était une féministe avant l’heure. La préface de Titiou Lecoq éclaire heureusement le contexte de la fin du XVIII^e siècle, qui est pourtant l’époque de l’Encyclopédie et de la Révolution !