La mémoire en blanc

Jeune espoir de la danse contemporaine, Léonie revient en vacances à Lyon, chez ses parents adoptifs. Dès son arrivée, elle subit des agressions, reçoit des messages de menace. La jeune femme est submergée d’angoisses qu’elle sent venir de loin dans sa mémoire. Ses parents lui confient alors le secret de sa naissance : elle a été sauvée du Rwanda en 1994, juste avant le génocide. Léonie commence à se poser des questions : est-elle vraiment orpheline ? Son mystérieux agresseur pourrait-il encore en vouloir à la Tutsie qu’elle est ? Le petit monde tranquille de la danseuse est complètement bouleversé.

Isabelle Collombat a choisi de nous faire découvrir ou redécouvrir un épisode récent de notre histoire, balayé pourtant au fil des ans par une actualité de plus en plus affolée : elle veut réveiller notre propre « mémoire en blanc », au-delà de la psyché personnelle de Léonie. L’héroïne est suivie pas à pas par un narrateur externe dans sa recherche, qui se révèle donc à la fois intime (le secret de famille originel) et liée à la grande Histoire la plus cruelle. Dans le récit, c’est le biais de la danse, du corps et du mouvement, qui lui permettra de soutenir les chocs successifs, et de se reconstruire rapidement.
Il est possible de trouver l’intrigue un peu trop ramassée – on apprend aussi que le père est marchand d’armes… – et la vie de Léonie très glamour – la danseuse, son amoureux musicien... -. Admettons que la jeune femme, fille de grands bourgeois à peine sortie de l’adolescence, n’est pas tout le monde. Mais l’intention didactique se coule avec fluidité dans les lignes dramatiques, et sur un ton émouvant sans excès, nous apprenons, nous nous souvenons pour ne pas oublier. Ici, l’objectif de réconciliation est atteint.