Dans une vaste demeure en Italie, une fillette passe ses vacances chez sa grand-mère. Un soir d’orage, un cadre tombe et se brise, faisant resurgir un fantôme. Curieuse, l’enfant décide d’explorer la grande armoire mystérieuse au fond du couloir. Elle y découvre une boîte renfermant une robe de soie chinoise rouge, autrefois portée par son aïeule. Fascinée, elle l’enfile, mais sa grand-mère, bouleversée, lui ordonne de l’enlever. Ce geste fait ressurgir des souffrances enfouies, ouvrant non seulement la porte du salon, mais aussi celle d’un héritage douloureux.

Après Le jardin du dedans-dehors, Chiara Mezzalama partage un autre moment marquant de son enfance. Le vêtement, gardien de souvenirs aussi précieux que traumatiques, renvoie à l’histoire de sa grand-mère Nonna, durement éprouvée par la perte de sa sœur pendant la Seconde Guerre mondiale. L’autrice montre comment les non-dits traversent les générations et hantent les descendants. Le secret se transmet par fragments, entre souvenirs et silences, soulignant la nécessité de le dévoiler pour apaiser les blessures anciennes.

Racontée avec la simplicité d’un enfant, l’histoire se déploie sur deux plans : le dialogue entre les personnages et le récit familial.

Les illustrations, aux tons rompus, capturent l'atmosphère feutrée de la maison. Inspirés de vieilles photographies, les décors – papiers peints, meubles et tableaux – ajoutent une touche de réalisme à ce lieu où le passé semble figé. Un petit fantôme, incarnation de l’ancêtre réveillé par l’accident nocturne, accompagne la petite fille dans sa quête de vérité, avant de disparaître une fois le voile levé. Les dessins, aux contours noirs épais, exploitent le rouge pour symboliser la bâtisse, la robe et la colère. Le découpage en cases variées et l'usage de bulles évoquent la bande dessinée, offrant une narration visuelle dynamique et émotionnelle.

La robe de soie est une œuvre émouvante et authentique, qui met en lumière l'importance de la transmission de la mémoire familiale pour se réconcilier avec le passé et ouvrir la voie à un avenir porteur de résilience et d'espoir.

Marie-Noëlle Letellier

Présentation par l'éditeur

Dans la grande maison rouge était cachée, au fond d’une armoire, une boîte en carton. Et dans cette boîte, une robe de soie chinoise d’un rouge flamboyant. Elle était si belle que la fillette avait eu envie de l’essayer.

« Nonna, regarde ce que j’ai trouvé ! »

« Comment as-tu osé toucher à cette robe ? Enlève-la immédiatement ! » cria sa grand-mère.

L’enfant se mit à pleurer. Elle ne comprenait

Dans la grande maison rouge était cachée, au fond d’une armoire, une boîte en carton. Et dans cette boîte, une robe de soie chinoise d’un rouge flamboyant. Elle était si belle que la fillette avait eu envie de l’essayer.
« Nonna, regarde ce que j’ai trouvé ! »
« Comment as-tu osé toucher à cette robe ? Enlève-la immédiatement ! » cria sa grand-mère.
L’enfant se mit à pleurer. Elle ne comprenait pas. Quels fantômes du passé avait-elle réveillé en enfilant cette robe ?

Par le truchement de la bouleversante relation d’une fillette et de sa grand-mère, Chiara Mezzalama ressuscite un passé familial douloureux, rappelant qu’en temps de guerre, l’enfance n’est dans aucun camp, si ce n’est celui de la peur, du chagrin et de la perte.

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