La route du lait grenadine

Les deux auteurs habitent la Bretagne et disent avoir voulu faire « la route du Rhum en plus petit ». Ce sont donc des insectes qui vont se coller à un parcours du combattant. Une dizaine de concurrents aux noms pittoresques s’affrontent, sur des machines aussi variées qu’abracadabrantes. Mais sur la route, sous terre ou dans les airs, on avance peu, qu’on soit trop lourd, trop équipé ou bêtement à pied.

La journée de course passe. Le chaos monte plus vite que l’inquiétude. Les obstacles sont partout, jusqu’à la moindre bouse (ou caca humain ?) en travers du chemin. Le journaliste de la Gazette des sous-bois est complètement largué. Un outsider se perd dans la nuit. Mais où est la ligne d’arrivée ? C’est un désert blanc, une ligne d’horizon. Et comme chaque année, le gagnant est… (le soleil, pardi).

Délirant dans son texte à l’approche de commentateur sportif, dessiné en détails aussi fins que des cheveux coupés en vingt-quatre, l’album renoue avec un esprit surréaliste et un humour stupide qu’on aurait pu croire perdus dans notre sage début de XXI^e siècle. J’ai apprécié la morale finale moelleuse et tendre, qui dit l’inanité de l’esprit de compétition. Et l’apparence potache de l’ensemble cache des trésors de poésie (en pattes de mouche)...