La tête ne sert pas qu'à retenir les cheveux

Lors d'une visite au planning familial, Awa découvre à 16 ans qu'elle est excisée. Révoltée d'avoir été mutilée sans préavis, la jeune fille - d'origine sénégalaise - rejoint un groupe de parole, puis part au front (avec le soutien d'une gynécologue et de la police) dans le but d'épargner sa petite sœur Amayel. L'adolescente trouve une oreille attentive auprès de sa tante Dado et d'Agathe, sa meilleure amie. Petit à petit, les langues se délient donnant l'occasion à toutes les femmes de la famille Bocoum (celle d'Awa) de s'exprimer sur ce sujet tabou. La jeune femme constate qu'elles sont toutes victimes de cette pratique ancestrale aux répercussions désastreuses et qu'elles la condamnent.

Après avoir échappé, dans le précédent opus , à un mariage forcé, Awa se retrouve ici confrontée à une autre coutume de son pays d'origine, celle de l'excision. Pour parler de ce thème sensible, les auteures adoptent un ton drôle et bien senti qui renforce la qualité du récit. Le texte intelligent et nuancé éclaire de façon remarquable la question. Si Awa reste l'héroïne de l'histoire, elle évolue aux côtés de personnages savoureux dont de sa sœur Ernestine - promue à une carrière cinématographique - et de Dado, sa tante (chercheuse à l'INSERM) et amoureuse d'un professeur de français honteux d'avoir des parents racistes. Si l'excision demeure le thème central de ce roman, il y est aussi question de théâtre, de racisme (avec une scène d'anthologie sur les préjugés), d'amour et de... champignons !
Un gros coup de cœur !