La vie à la montagne

C’est l’histoire d’une bien curieuse maison posée en équilibre sur la montagne, si bien que ses habitants, l’oncle Olaf et la tante Olga, ne peuvent s’y mouvoir sans risquer à tout instant de la faire pencher dangereusement. Autant dire qu’il faudra respecter certaines règles de vie collective, la première étant que quand l’un s’installe d’un côté, l’autre devra se cantonner à l’autre moitié pour s’adonner à ses activités. Et quand la famille s’agrandit, tout naturellement, ce sont des jumeaux qui arrivent, Gina et Tino, et qui, eux aussi, devront contribuer à leur tour à l’équilibre parfait de la maisonnée. Ainsi, quand ils fêteront leur anniversaire, Gina et Tino devront toujours avoir le même nombre de ballons, d’amis et de cotillons, et bien sûr de fraises sur la tarte aux fraises... Malheureusement, arrive un jour où ce bel équilibre se trouve rompu pour un simple désaccord sur le menu du repas. Et voilà la maison qui dégringole de la montagne, atterrit au fond de la vallée, avant d’être remontée pièce par pièce vers les sommets pour s’envoler finalement vers d’autres contrées à la faveur d’une bourrasque.

Ce premier album pour le moins original, écrit et illustré par un auteur architecte et enseignant de profession, César Canet, est une belle façon de rappeler que la vie est toujours un équilibre précaire. César Canet n’est pas en manque de fantaisie. Ses illustrations colorées et un brin excentriques jouent à la fois sur les formes géométriques et l’effet de symétrie. La maison chalet aux deux cheminées coiffe la montagne comme un deuxième sommet, puis, tête en bas, épouse à la perfection le creux de la vallée avant d’être totalement déconstruite et transformée en plateau volant. Racontée par la voix du neveu, l’histoire quant à elle réussit ce tour de force d’être tout à la fois totalement abracadabrante et d’une implacable logique.