Le flamant vert

Vert, un flamant ? Tout le monde sait que non, c’est rose. C’est à cela qu’on le reconnaît.

Or, un jour, devant les yeux éberlués d’un groupe de flamants roses, surgit un « bizarre ». L’organisation de la page de Maurèen Poignonec crée le suspense : tous les regards du troupeau sont orientés vers la droite sans donner à voir « le bizarre». La page tournée, apparaît la réalité. Isolé sur la berge opposée, un flamant VERT, copie conforme des autres, avec un seul « détail » différent : la couleur. Le dialogue d’Elsa Devernois imprime immédiatement une suspicion flagrante: « T’es qui toi ? On ne t’a jamais vu dans le coin » et ne laisse pas de doute. Il y a « toi » et « nous ».

Sur un mode humoristique s’engage une « battle » : on pense aux défis que peuvent se lancer les enfants ou aux engagements entre bandes adolescentes. L’arrivant est sommé de faire comme les autres, ceux du groupe, et l’illustration est savoureuse : volatiles sur une patte, sur une autre, comme un rythme de comptine, et en apothéose le « flop, flop, flop » ou le « nœud » avec le cou... En rose et vert, tout semble gentil, et effectivement, on craint le pire lorsque le flamant vert commence à trouver que ses congénères exagèrent, mais les flamants roses reconnaissent la supériorité de l’étranger même s’il est vraiment bizarre… Le récit ménage ses effets et la chute est bienvenue.

Beaucoup d’humour et de vivacité dans cet album où virevoltent les volatiles dans une ambiance douce-amère avec une belle complicité du texte et de l’image.