Le goût sucré de la peur

Louise est une petite fille intelligente, un peu ronde peut-être, mais qui compense ce « défaut » moqué à l’école par un sens de la répartie certain. Elle aime beaucoup son grand frère Joseph, et voudrait le suivre au sein de son petit groupe. Il s’agit d’une activité clandestine : voler des fraises et des radis dans le magnifique potager d’une vieille dame, surnommée « l’Ortie » et crainte par des générations d’enfants.

Mais Louise va être touchée par la solitude de l’Ortie et chercher à la rencontrer. Peu à peu, elle apprivoise Jeanne Solignac et devient son amie. Elle apprend à différencier la pivoine de l'aster, et se voit confier les secrets de la vieille dame, qui a perdu sa fille à l'âge de Louise. Cette amitié pas comme les autres déteint aussi sur Joseph. Et quand l'urgence sera là (un accident cardiaque de Jeanne), les deux enfants sauront agir, quitte à repasser à nouveau dans la clandestinité !

Le « goût sucré de la peur » du titre, c'est celui des fraises volées, bien meilleures que quand on les achète… Jeanne est une de ces figures de village qui passe les années sans changer, concentrée sur des valeurs simples liées à la nature. De loin, elle fait peur ou elle indiffère totalement. De près, une vie bien remplie se dessine, et des souffrances que Louise, comme sa mère avant elle, va chercher à consoler à sa façon. La relation est réciproque : au contact de Jeanne, la petite fille cultive son physique et ses connaissances en botanique et jardinage ! Et Joseph, entraîné par sa petite sœur, redevient le gentil garçon qu'il était.

Ecrit à la première personne (Louise) et au présent sur un ton du quotidien pas naïf, le roman séduit tranquillement, simplement.