Le petit bourreau de Montfleury

A Montfleury, le bourreau n'a jamais officié, tout comme son père. Le village est calme, les habitants pondérés. De fait, notre héros de rouge vêtu s'adonne entièrement à sa passion, la peinture (à la Van Gogh). Mais un jour, un nouveau maire est élu : il est autoritaire et veut asseoir son pouvoir. On condamne un pauvre bougre pour le vol d'une montre, et une exécution est ordonnée. Le bourreau est alors confronté à sa conscience en ébullition, à la fille du condamné qui vient plaider la cause de son père, et à Tiki, une chauve-souris philosophe qui pose plus de questions qu'elle n'en résout.

Si la trame est classique – un innocent injustement condamné –, l'histoire de ce tome unique est réellement originale. Il y a de la vraie tragédie avec le maire implacable, la mort annoncée, et de la fantaisie avec le petit chariot pour la peinture accroché au vélo, les chauves-souris sauvant en masse les derniers instants du livre. L'illustration est elle aussi singulière, avec des cases aux traits bruts, des points de vue très variés, un bourreau rondouillet et souriant… Je n'ai pas forcément aimé toutes les manifestations des dessins (la mort est un peu caricaturale), mais l'ensemble pensé d'un seul tenant dégage une force qui emporte le lecteur. A lire avec plaisir, et aussi pour faire réfléchir les plus jeunes (11-13 ans).