Le petit Poucet

Christian Roux a déjà publié au Seuil jeunesse une version du Petit Chaperon rouge. Il revisite aujourd’hui un autre conte de Perrault, dans sa version originale, qu’il installe dans un univers graphique très personnel.
Les images qu’il crée pour cet album, pleine page, nous emportent dans le monde de l’enfance, celui d’un tout petit garçon, vêtu d’un pull blanc, d’un pantalon gris, et coiffé d’un bonnet de laine bleu à pompon qui lui mange le front. La première image le montre assis sur le sol, entre ombre et lumière, seul, apeuré. Il doit faire face au monde des adultes qui le dépassent, démesuré et très sombre, puisque ses parents bûcherons, ne pouvant plus nourrir leurs enfants, ont décidé de les perdre en forêt. On ne voit jamais les parents, Christian Roux montre seulement les pieds gigantesques du père, à côté du Petit Poucet dissimulé au pied de l’escalier.
L’illustrateur joue constamment sur les contrastes, sur les différences d’échelle, sur l’ombre et la lumière, sur les aplats de couleurs sombres ou lumineuses, plus que sur le mouvement, pour souligner ce qui est en jeu dans le conte : la peur, l’abandon, le soulagement, l’espoir, la joie. Il montre une nature tantôt accueillante ou menaçante, les six frères vêtus à l’identique menés par leur tout petit frère. Il souligne par des gros plans saisissants le couteau de l’ogre ou sa bouche ouverte prête à dévorer. Tout en installant le récit dans une certaine modernité, il en saisit parfaitement l’essence et les ressorts dramatiques. Une version à laquelle les jeunes lecteurs seront sensibles sans aucun doute