Le plus bel hiver

Comment rendre sensible cet étonnant phénomène naturel qu’est l’hibernation ? Cristina Sitja Rubio apporte une réponse sous forme de récit de randonnée au travers d’un personnage, Blaireau. Blaireau cherche des amis pour jouer et vivre joyeusement l’hiver, il va donc frapper à plusieurs portes sans comprendre pourquoi ses amis ne le rejoignent pas.

Le décor s’impose, neige et silence s’emparent de la forêt. Est-ce la neige qui exige « une longue sieste » plutôt évocatrice d’après-midi ensoleillé ? L’auteure-illustratrice travaille une matière floconneuse, un peu épaisse, où en regardant bien on peut voir un lapin, une souris.

Cette image initiale génère le balancement du récit. Blaireau souhaite profiter du long hiver, il a plein d’idées (glissade, bataille de boules de neige, carnaval) et part à la recherche de partenaires de jeux. Mais, sur sa porte, l’ours a écrit « ne pas déranger jusqu’au printemps », la marmotte et l’engoulevent dorment aussi, tout comme les escargots, la tortue, les hérissons et les chauves-souris. Les illustrations grises, sépia, présentent les animaux au repos, dans le calme de leur somnolence. Blaireau se rend à l’évidence, il ne va pas pouvoir jouer avec eux. La poésie de l’album se manifeste dans les postures qu’il prend. Comme un enfant, il se résout à dessiner, lire, mais on voit bien que cela ne lui convient pas « décidément, rester seul, ce n’est pas son truc »… Il va donc se tourner vers les animaux qui ne dorment pas, les oiseaux et les lapins. Nous apprenons ainsi que certains hibernent, d’autres non et les pages de garde servent de récapitulatif en classant « les grands dormeurs » et « ceux qui ne dorment pas beaucoup ».

Le plus bel hiver, au charme subtil, est un album « hybride ». Il associe réflexion sur le temps biologique, celui des saisons et des rythmes des animaux, humanisation et connaissances sur la nature pour le plaisir des enfants curieux ou impatients.