Le seigneur des herbes

A la fin du livre-frise et en petit dans un coin, l'auteure nous précise que le nom de capybara, un charmant rongeur ressemblant à une marmotte, signifie « seigneur des herbes » dans la langue des Indiens d'Argentine. Comme vous ne le savez pas tout de suite, c'est en complète innocence que vous écouterez, avec les petits jeunes rassemblés autour de Papybara le conteur, la fameuse histoire de ce Seigneur des herbes.

Tout commence lors d'un voyage d'exploration, alors que le papy n'était qu'un adolescent. Il rencontre un loup enfoncé dans la boue, l'aide à sortir et lui étire les pattes. Il rencontre un ours beige qui n'aime plus sa couleur, lui propose de se rouler dans la boue, et on obtient l'ours à lunettes. Etc, etc. Le capybara serait en fait à l'origine de toutes les particularités des animaux d'Argentine ! Sa légende circule de bouche à oreille et, gêné, il décide de se cacher : de deux pattes, il passe à quatre… Lui aussi a évolué... Il peut maintenant écouter incognito les belles histoires qu'on a inventées autour du Seigneur des herbes.

Soigné jusqu'au bout des feuilles ou des rochers, le leporello est entièrement illustré, juxtaposant donc les scénettes dans la forêt, le désert, les montagnes (les paysages argentins sont contrastés). Le trait au crayon de couleur se montre très doux, d'un aspect finement poilu même pour les oiseaux. Les yeux des animaux, billes blanches au milieu des fourrures, nous regardent avec malice et bienveillance. Julie Colombet possède un style bien à elle, observateur et interprétatif, qui fait merveille auprès de la gent animalière. Enfin, la face arrière du livre est une immense carte de l'Argentine et de ses animaux dans leurs milieux respectifs (plus de quatre-vingt espèces sont représentées) : un complément de toute beauté.