Le Tsar

Aux confins de la Sibérie, un jeune homme, Fédor, se met en chasse d’un tigre gigantesque, surnommé le Tsar, et qui aurait tué son frère. Au fil d’un périple physiquement éprouvant, il se rappelle le départ de son père à la mort de la mère, l'obsession de son frère pour le tigre… Une femme étrange, qui ne parle que par questions, lui donne un fusil. Au dégel, il finit par retrouver les corps de son frère et du Tsar à quelques pas de sa maison.

Ce très court roman fonctionne sur un suspense unique mais largement suffisant : on veut savoir ce qu’il est advenu du frère du narrateur (on n’est d’ailleurs pas déçu de la fin inattendue). Et, chemin faisant, Jean-François Chabas laisse libre cours à son écriture à la fois lointaine et un peu froide, mais pleine de sensibilité suggérée, et surtout très poétique. Dans un décor glacé somptueux, isolé de tous et de tout, Fédor vit sa chasse comme une quête intérieure. Il comprend que rien ne sert de courir après une vengeance, mais que le sens de la vie se trouve dans le moment présent. La mystérieuse inconnue l’aide dans sa recherche en tant qu’élément stable, détenant la sagesse mais laissant le héros vivre son expérience. Beau et dépaysant, Le Tsar laisse le lecteur songeur, sur un petit nuage. Personnellement, il m’a beaucoup fait penser – en thématique et en qualité littéraire - au Vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepulveda.