L'enfant du désert

A l’heure où les écoles se sont bien emparées du développement durable, faire connaître Pierre Rabhi aux enfants par le biais d’une courte biographie est une heureuse initiative. Un narrateur externe commence par ses jeunes années algériennes, son adoption pour échapper à la pauvreté. Le récit poursuit avec sa venue en France, et finalement son installation en compagnie de sa femme dans une vieille ferme ardéchoise. A partir de là (c’est-à-dire de rien), nous apprendrons à vivre en harmonie avec la nature, à ne pas dépasser les limites de la faune (30 chèvres et pas plus !) et de la flore, à ressentir aussi la paix dans nos cœurs nécessaire au vivre-ensemble.

Nous apprécierons le succès de ce mode de vie frugal que Pierre a baptisé « agroécologie » et qu’il fera connaître particulièrement en Afrique, puis partout dans le monde. J'ai goûté le soin pris à signaler le rôle de l'épouse, indispensable à l'œuvre entreprise. Abondamment et gracieusement illustré au trait d’encre fin, l’ouvrage est de lecture simple, un lexique final expliquant les mots un peu plus rares. On pardonnera quelques envolées lyriques… finalement en accord avec l’intensité des convictions de Pierre Rabhi. Une icône vivante qui prêche non pas la bonne parole, mais la mise en pratique : ce n’est pas un hasard si l’homme a choisi la métaphore du minuscule colibri apportant malgré tout sa contribution à la société.

« Et, souvent, revenaient à l’esprit de Pierre les sages paroles d’un chef indien : "Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors les hommes sauront que l’argent ne se mange pas." » (p. 96)