Les billes font la course

En pyjamarama, c’est-à-dire en ombro-cinéma, les billes font vraiment la course !

Michaël Leblond et Frédérique Bertrand associent ici encore leurs talents pour donner vie à une banale course de billes. Le mouvement créé par le passage du rhodoïd strié, associé à la rigueur des décors et des personnages, provoque un sentiment de mouvement irrésistible.

Deux camps, les billes bleues et les billes rouges, sont en compétition. Comme dans tout jeu de billes, il y a un parcours accidenté. L’astuce est de rendre les billes autonomes et de les figurer comme des petites voitures, de sorte qu’on assiste à une course de voitures avec tout le décorum nécessaire. Les billes sortent en trombe du garage où elles sont veillées, bichonnées par des garagistes à casquettes et clefs à mollettes. Elles s’élancent sur le circuit au top départ. Le public, massé au bord de la piste, est enthousiaste et dans le méli-mélo des virages et des nœuds que dessinent les pistes rouges et bleues comme les billes, le lecteur comme les spectateurs se sent emporté…

Le texte imite les commentaires de reporter sportif, fait monter la pression et annonce les temps forts de la course : accident, ravitaillement. Les hommes de la piste s’activent, le style utilise les exclamations, les interjections, les fausses questions « mais… ne vont-elles pas trop vite ??? » Si bien sûr ! On s’y croirait.

Les deux auteurs illustrateurs avaient déjà utilisé cette technique efficace dans leur voyage à New York, Paris ou au lunaparc mais ici la simplicité de l’argument rend ce livre cartonné accessible à des plus jeunes. Le rythme du texte, la simplicité des personnages, la lisibilité des images, la linéarité du récit, tout cela facilite le suivi alors même que tout bouge sous l’effet de la petite feuille que le lecteur acteur spectateur anime. Un album réjouissant qui invite à reprendre les billes…