Les fabuleux navires du capitaine Squid

Le vieux capitaine Squid est mourant. Sur son lit, entouré de ses matelots, il raconte sa vie à travers les bateaux et les autres capitaines qu'il a connus. En quatre pages chacun surgissent : Le Gigantic et son commandant russe, L’Islandais volant qui pêche la morue, Le Bourdon artois et ses pirates, le Big Apple dont Squid a remplacé le capitaine décédé à cause d'une arête, et même un sous-marin, La Grande Rascasse.

La force du récit de Squid vient du fait qu'il ne s'agit pas d'une simple accumulation : ses différentes rencontres ont orienté sa vie, notamment la quête d'un magnifique, inaccessible bateau que tous les capitaines désiraient. Squid regrette de ne pas avoir lui non plus mis la main sur ce Graal. Il en possède toutefois un dessin qu'il transmet à ses proches. Un beau dessin d'enfant dont je vous laisse deviner la teneur…

Comme toujours chez Eric Puybaret, le trait est précis, fascinant, en une peinture sur toile tout en hauteurs (hommes et bateaux). Par endroits, la trame aperçue laisse deviner délicatement le travail de l'illustrateur… Cette sensation d'immense n'exclut pas les touches d'humour : un manchot joue de la guitare, un oiseau se love dans un chapeau. Les trouvailles sont belles, et on cherche des clins d'œil au Titanic, au commandant Cousteau, aux femmes pirates par exemple. La chute de l'histoire réhabilite le fond sur la forme et rappelle que l'album n'est pas qu'esthétique : un tout pensé de main de maître.