Les raisins sauvages

« La petite gardeuse d’oies », c’est ainsi que l’on surnomme une enfant sans nom, orpheline. En effet, spoliée par sa tante, chassée de la ferme familiale, elle garde les oies et dort dehors, tout juste protégée par ses volailles. Belle, douce et travailleuse elle est, bien malgré elle, rivale de la fille de sa tante, aveugle. L’action se situe en Chine traditionnelle, mais elle est universelle. Sa marâtre, par jalousie ou envie, jette dans les yeux de sa nièce une poignée de sable qui la rend aveugle. La petite sait que dans la montagne profonde, des raisins sauvages rendent la vue aux aveugles. Elle part en quête de ces raisins magiques. Avec l’aide d’une de ses oies puis grâce à son énergie, son astuce, elle évite les écueils qui se dressent sur sa route. Elle évite un ours, elle se rattrape aux lianes au moment de tomber d’une falaise. Récompensée, elle atteint son but et recouvre la vue. A son retour, le dieu de la forêt lui propose la vie éternelle, elle y renonce pour soigner les aveugles qu’elle rencontre. Arrivée chez elle, sans haine et sans rancune, elle soigne sa cousine.

Sur un schéma très classique de conte, avec des épreuves à vaincre, un objectif à atteindre, cette histoire a le parfum des contes moraux anciens. A cela s’ajoute le charme des illustrations chinoises très classiques, petits oiseaux et bambous légers. L’héroïne a les yeux vifs et les traits arrondis de sa grandeur morale. Ecrit il y a trente ans et publié en Chine, ce livre témoigne de la permanence d’une littérature édifiante qui élève les enfants dans le respect du travail et joue sur l’émotion et les bons sentiments. Un album à la fois universel et très traditionnel, un fragment d’anthologie.