Les Saisons de Rosemarie

On avait déjà rencontré Rosemarie la timide dans Le Journal de Grosse Patate (Editions Théâtrales, 2002). Elle est ici au centre de l’histoire. Petite fille introvertie et étourdie, elle n’aime pas les mathématiques, n’écoute pas les ordres de son père mais pratique la danse avec bonheur (« je vole ! »). Pour pallier une certaine difficulté à trouver ses mots, et partant à exprimer sa personnalité, elle s’invente un ami imaginaire et dyslexique. Rosemarie se cherche dans un monde réel qu’elle ne voit pas vraiment. Elle s’interroge sur l’amitié, l’amour, la mort, les adultes. Touchante de naïveté, elle a parfois la lucidité de l’innocence (« Je me demande si les adultes n’essaient pas de nous enseigner les choses qu’on connaît pour qu’on n’arrive plus à les faire », p. 39).

Cette courte pièce à 3 personnages fait la part belle à la tendresse et à la poésie. De nombreux et réjouissants jeux de langue introduisent habilement une psychologie fine et on reste admiratif devant les trouvailles de l’auteur. La petite Rosemarie reflète les tourments de l’enfance, quand la transition vers un âge plus adulte déstabilise la psychologie et le comportement. Le lecteur (ou l’auditeur) reste émerveillé devant ce petit bijou de littérature.
Ecrite pour la Compagnie du Réfectoire de Toulouse, la pièce est publiée un peu avant sa création en janvier 2005. Elle peut être lue et vue par tous, et se savourera différemment selon les âges.

[Apprécions aussi une comparaison des couvertures des deux livres de Dominique Richard : Grosse Patate était symbolisée par un ballon rouge hyper-gonflé, Rosemarie a droit à un ballon un peu déformé avec une grande ombre. Le plaisir jusque dans le détail.]