L'étang aux libellules

Ce roman est le dernier d’Eva Ibbotson, décédée en octobre 2010.
Il nous entraîne à Londres en 1939 où l’on fait la connaissance de Tally, une jeune fille adorable qui vit avec un père médecin, très dévoué à ses patients. Tally s’intéresse au monde et aux gens qui l’entourent et elle est toujours prête à aider les plus démunis qu’elle. En ce début de guerre, la ville est menacée par les bombardements allemands et, comme beaucoup d’enfants, Tally est envoyée dans un collège à la campagne pour y être en sécurité. Le pensionnat de Delderton, où elle va vivre désormais, est une école différente des prestigieuses écoles anglaises, où l’on privilégie avant tout l’épanouissement des enfants, le dialogue avec les adultes, la créativité et le sens de l’initiative. Tally s’y adapte parfaitement et s’y fait des amis.
Après avoir vu au cinéma un reportage sur la Bergamie, un tout petit royaume menacé par Hitler, elle convainc le directeur d’y envoyer un groupe d’enfants pour participer à un festival de danses folkloriques. Ce festival est une manière pour le royaume de lutter contre les menaces qui pèsent sur lui en prônant l’amitié entre les peuples. En Bergamie, Tally fait la connaissance de Karil, le prince héritier, et assiste à un coup d’état fomenté par un ministre félon et les nazis. Tous les enfants présents au festival unissent leurs efforts pour sortir Karil du pays envahi et l’emmener en sûreté en Angleterre. Mais le combat n’est pas encore terminé …
Eva Ibbotson mêle habilement des éléments historiques qui vont plonger le monde que l’on connaît dans la tourmente, et un pays imaginaire symbolisant l’harmonie et la résistance à la tyrannie. Elle s’intéresse aussi à toutes les formes d’oppression, qu’elles s’expriment au sein de la famille ou de l’éducation, ou, plus largement à l’échelle d’un pays. Elle montre des enfants magnifiques, à commencer par la rayonnante Tally, capables de s’extraire des carcans, de s’écouter et de se soutenir, de lutter pour la liberté pour devenir plus tard des adultes responsables. En cela, le récit prend une dimension initiatique.
Ce roman, dense, foisonnant, est passionnant et plonge les lecteurs dans une très belle aventure humaine. Il est d’autant plus émouvant qu’il est le dernier de cette grande romancière qui a puisé dans sa propre enfance pour y trouver sa matière.