L'héritière (T. 1)

Twylla était la fille de la Mangeuse de péchés, destinée à suivre sa mère lors des repas de cérémonies funèbres. Mais la reine de Lormere l'a distinguée, et la jeune fille est devenue Daunen incarnée, déesse sur terre. Au château, elle prie, elle tue aussi les traîtres à la couronne via un poison qu'elle absorbe, inoffensif pour elle et la famille royale mais qui ressort par sa peau. Si Twylla se sent parfois oppressée, elle a choisi sa vie de richesse, d'autant qu'elle va bientôt épouser le prince. Mais un des gardes de Twylla est remplacé, et le nouveau jeune homme est curieux, avec des idées larges. Twylla est agacée, intriguée, peut-être un peu amoureuse... Sa vision de la cour va changer en même temps que les événements se précipitent : le pouvoir de la reine est-il sans limites ?

C'est un premier roman pour l'auteure qui a prévu une trilogie. L'univers de fantasy est complexe, soigné, complètement intégré dans une histoire digne de la cour royale la plus comploteuse. On s'y observe d'un œil envieux ou anxieux, on s'y assassine entre membres de la même famille, on y suit un protocole hypocrite jusqu'à sa moindre courbette. Il n'y a pas tellement de fantastique, ou plutôt le fantastique est désamorcé au premier tiers du livre (en dire plus serait gâcher le plaisir). Twylla raconte, à la fois naïve dans sa découverte des abîmes de noirceur qui régissent Lormere et retorse elle aussi à sa façon, bien décidée à garder une place et un bonheur. Les chapitres glaçants s'enchaînent sans répit pour un lecteur captivé, curieux d'un monde féodal pas si loin du nôtre. Unité de temps (quelques semaines tout au plus), unité de lieu (nous ne quittons pas le château), unité d'action aussi car tout se joue autour de la couronne : le drame dans ce qu'il a de plus classique est prêt à se dérouler sous nos yeux... Apprécions !