L'intelligence

Ce conte d’origine traditionnel ou inventé par Jean-Charles Sarrazin met en scène un enfant qui doit protéger le buffle familial de la griffe du tigre. A cette époque, le tigre n’avait pas de rayure et le buffle avait le nez « rond comme une pastèque » ; hommes et animaux parlaient la même langue.
On pense à la fantaisie et à l’insatiable curiosité de L'enfant d'éléphant de R.Kipling et c’est bien dans cette veine là qu’on suit les péripéties de ce garçonnet qui va servir à illustrer le concept « d’intelligence ».

L’action se déroule en Extrême-Orient, une ferme au bord d’une rizière, quelques bambous et un bananier suffisent à planter le décor. On sent la vie modeste et rude, un seul buffle, leur richesse. En remettant à Tuan la corde pour chercher le buffle à la rivière, on a compris que c’est une mission d’importance « un tigre rôde ». La situation est posée avec une très grande rapidité, on est en empathie et lorsque Tuan arrive à la rivière et entend le dialogue entre le tigre (non rayé) et son buffle au nez rond, on se demande comment il va se sortir de la situation… Rassurez-vous : très bien !

Avec sa bouille ronde et son air un peu simplet, Tuan est dans la lignée des petits qui réussissent à feinter plus fort qu’eux. On rit beaucoup en voyant le tigre prétentieux ligoté aux bambous ; on est admiratif devant cette démonstration d’intelligence en actes… qui n’est pas donnée au buffle !
Jean-Charles Sarrazin excelle dans le dessin des animaux ressemblants aux hommes. Selon le principe de la fable, ils nous instruisent gaiement et répètent à chacun qu’on peut se sortir de situations difficiles voire même désespérées avec… de l’intelligence ! Démonstration magistrale.